GRAC MT5 [Formule France]

Les origines de la marque française GRAC

Tout est parti d’un rêve… Voilà comment résumer en quelques mots la genèse de la marque GRAC.

Fondée progressivement durant l’année 1963, cette petite marque française porta à ses débuts les initiales du nom de ses quatre fondateurs : « G » pour Serge Granjon, « R » pour Jean-Pierre Roche, « A » pour Serge Aziosmanoff et « C » pour André Crommen, avant de signifier dès 1965 « Groupe de Recherches Automobiles de Courses. »

Cette brillante saga « made in Valence », née d’une utopie, fut associée dès ses débuts à de grands noms.

Parmi ceux-ci, nous pouvons noter Maurice Trintignant qui apporta un soutien moral et financier essentiel à l’équipe et dont chacune des GRAC porta par la suite, en reconnaissance, les initiales (« MT »). Ainsi qu’Henri Pescarolo, grand champion en devenir, qui fit ses premières armes en monoplace sur la GRAC Mk1 au circuit de Cognac en 1964.

En tout, ce sont près d’une centaine de châssis des différents modèles et des milliers d’idées qui sortirent des ateliers de la petite firme valentinoise au cours de sa brève mais très riche histoire.

La marque exista jusqu’en 1974, avant de tomber malheureusement peu à peu durant les années suivantes dans les méandres de l’oubli.

Son histoire ne fut redécouverte que près de 30 ans après grâce à la passion et au travail du pilote et journaliste, fondateur d’Autodiva, Gérard Gamand, à travers son ouvrage dédié au sujet.

Les débuts de la Formule France

Alors que le développement de la marque valentinoise battait son plein, une idée partagée par de nombreux acteurs du sport automobile français émergea en 1967 : créer une Formule nationale permettant à la fois aux écuries et aux jeunes loups prometteurs de mettre en avant leur talent avant éventuellement de s’aventurer en Formule 3 (laquelle était d’ores et déjà très engorgée et concurrentielle).

Surprise immense pour la petite équipe valentinoise, c’est la GRAC MT4 qui fut choisie par Claude Bourillot (alors président de la FFSA) pour faire la promotion et la présentation de la « Formule France » au siège de la FFSA, place de la Concorde à Paris.

Ce coup de pouce du destin, ce brin de chance presque inouï qui fit basculer la situation, la marque française ne le laissa pas passer. À la fin de l’année 1967, tous les regards se tournèrent sur Valence et les commandes pour la nouvelle MT5 Formule France arrivèrent. La motivation de l’équipe était au zénith.

Rapidement, la Formule France devint une vitrine nationale, tout en conservant un attrait économique que la Formule 3 avait perdu.

Cette nouvelle Formule fut associée à de beaux noms tels que Jacques Laffite ou Jean-Pierre Jarier. À ce jeu-là, la marque GRAC ne fut pas en reste avec les jeunes espoirs Denis Dayan et Max Jean (qui fit notamment un bref passage en Formule 1 quelque temps plus tard).

Le succès immense de la Formule France dès 1968 alla de pair avec les succès de GRAC.

Cette année marqua l’avènement de la petite équipe française. Quatorze des dix-sept manches disputées furent remportées par les Valentinois (dont onze avec le pilote usine Max Jean, sacré champion à l’issue de la saison).

L’année suivante, en 1969, GRAC réitéra l’exploit avec un autre de ses pilotes usine Denis Dayan et la nouvelle MT6.

MT5-005

La GRAC MT5 Formule France que nous présentons à la vente est l’une des premières fabriquées par la marque valentinoise.

Son châssis multitubulaire est identique à celui de la MT4 à laquelle elle succède. Elle est équipée d’un moteur Renault Gordini de 1300cc alimenté par deux carburateurs Weber double corps, et d’une boîte de vitesses Renault retournée. Sa carrosserie est en polyester, identique à la MT3 (dessin de Charly Bellin). À noter que les panneaux de carrosserie étaient rivetés sur les châssis usine.

Selon l’excellent ouvrage de Gérard Gamand sur le sujet GRAC (dont notre descriptif s’est inspiré), 19 châssis MT5 auraient été assemblées par la marque française durant l’année 1968.

La plaque châssis d’origine de l’exemplaire qui illustre cette page (toujours présente dans le dossier historique) nous a confirmé son identité : « 005 », ainsi que sa date de production : 9 Mars 1968.

Malgré nos recherches, aucun élément spécifique de son historique de compétition d’époque ne nous est parvenu.

Cependant, son dernier propriétaire nous a appris que 005 avait fait l’objet d’une restauration complète dans les ateliers de Serge Granjon (himself) à Valence au début des années 2000. C’est d’ailleurs auprès de lui qu’il en avait pris livraison lorsqu’il l’a acquise en 2002. Joli clin d’œil à l’histoire.

Afin que cette anecdote soit bien comprise, une précision s’impose. 005 n’appartenait pas à Serge Granjon lorsqu’elle fut acquise par son dernier propriétaire. Elle était en restauration à Valence, dans les ateliers du fondateur de la marque, à la demande l’avant-dernier propriétaire.

Bien que l’ensemble de ces travaux ne soit pas spécifiquement documenté dans le dossier historique, l’état actuel de cette monoplace ne laisse que de place au doute quant à la qualité du travail effectué.

Depuis 2002, elle n’a jamais repris la piste.

Elle sera donc vendue en l’état. Le moteur étant toujours en rodage depuis sa restauration, une bonne révision mécanique s’imposera avant de lui redonner vie…

Contenu du dossier historique

Documentation générale
Plaque châssis d’origine (avec l’acronyme d’époque « Groupe de Recherches Automobiles de Courses »
Projet de passeport FFSA non abouti
Deux exemplaires du « Petit Gracophiliste »
Factures
Lettres manuscrites

Accéder à un mythe

Cette GRAC MT5 de 1968 est un voyage dans le temps pour découvrir ou redécouvrir (c’est selon) l’une des plus belles (et rocambolesques) aventures du sport automobile français.

Présentée dans une superbe condition générale, cette monoplace nous raconte l’histoire d’une époque désormais révolue, dans laquelle une petite équipe de passionnés sans véritables moyens matériels pouvait sortir du lot et s’illustrer sur la scène du sport automobile.

1968, c’est l’histoire de la plus belle année de la marque valentinoise, l’année du succès, de l’enthousiasme, du « tout est possible » … À jamais, la saga de la Formule France et la marque GRAC seront étroitement liées.

Regarder cette MT5 sous tous les angles, prendre le temps d’apprécier sa beauté brute, son caractère fascinant, c’est revenir à la fin des années 60, dans les ateliers artisanaux de la petite marque française, dans les paddocks des circuits, aux côtés d’Azios, de Granjon et de toute la « République des copains » … Une époque fabuleuse !

Devenir propriétaire d’une monoplace aussi chargée d’histoire, c’est devenir à part entière un membre de l’équipe des « Aventuriers de la Vallée du Rhône » !

Il est ici question de patrimoine français, une histoire qu’il convient de ne pas oublier (et de transmettre)…