Alpine A110 1600 S (ex-Gendarmerie)

Ancien véhicule de la Gendarmerie. Superbe condition générale.

DÉJA VENDU

Pour acquérir un morceau d'histoire de la marque Française...

millésime1971
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le véhicule

À bien des égards, la superbe Alpine A110 que nous présentons à la vente n’est pas commune. Il s’agit de l’une des dix Berlinettes 1600 S commandées par l’État Français pour le compte de la Brigade Rapide d’Intervention (BRI) de la Gendarmerie Nationale.

Pour saisir toute la portée de son histoire, il est nécessaire d’effectuer un petit retour en arrière.

Une histoire de Berlinettes et de Gendarmes…

Il y a quelques années, un article de la presse spécialisée reprenait les grandes lignes de la fructueuse et belle collaboration entre quelques constructeurs tricolores et la Gendarmerie Nationale. En voici, en italique, quelques extraits :

« On dit que le général de Gaulle, inaugurant le Salon de l’Auto d’Octobre 1965 et s’arrêtant devant le stand Matra-Sports, avait émis le souhait auprès de Jean-Luc Lagardère, que la France puisse disposer, à l’instar de l’Allemagne, d’une flotte de voiture rapides destinées aux forces de l’ordre. L’histoire n’en dit pas davantage… »

« Deux mois plus tard, le 10 Décembre 1965, la Gendarmerie Nationale lance un appel d’offres auprès des constructeurs automobiles français. […] Les Brigades Rapides d’Intervention (BRI) sont en création. Peugeot, Renault et Panhard en sont exclus, ne possédant pas dans leur gamme un modèle dépassant les 180 km/h. »

Rapidement, un match s’engage entre Citroën (DS21), Matra (Djet) et Alpine (Berlinette A110 1300 TDF). Mais Citroën, qui comptait sur sa DS21 et ses meilleures performances sur le sol mouillé, sera vite distancé par les deux autres constructeurs.

« Au cours de l’année 1966, Matra-Sport ne perd pas officiellement l’appel d’offres, mais il est évident que la Djet n’est pas au niveau de l’Alpine-Renault pour les missions d’interception et de surveillance. »

« Trois Djet 6 seront également essayés, mais ceux-ci, jugés trop instables à haute vitesse à cause de voies trop étroites, ne mettent pas en confiance. »

« Décrocher un marché public de ce genre, Jean Rédélé, le fondateur de la marque Française, y attache beaucoup d’importance. Les militaires qui se succèdent aux commandes de la Berlinette 1300 TDF sont enthousiasmés. […] Les gendarmes sont fiers de conduire une voiture qui s’impose dans les plus grands rallyes internationaux. L’argument est d’importance. »

« Dans l’absolu, aucune des deux voitures n’est idéale pour l’autoroute, mais la Gendarmerie compte sur le pouvoir d’interception rapide de ces bolides et sur leur effet dissuasif. Il ne s’agit pas tant de poursuivre, mais de rejoindre le contrevenant le plus rapidement possible et de l’intercepter. »

Après de nombreux essais, c’est finalement la Berlinette 1500 (90cv) qui est préférée à la 1300 (115cv) pour les premières dotations des BRI en 1966.

« À l’été 1967, juste avant les premiers départs en vacances, trois Alpine-Renault (le losange de la Régie a fait son apparition sur les capots des Alpine au Salon de Paris 1966) sont réceptionnées par la Gendarmerie Nationale. Elles sont immédiatement affectées au BRI. »

« Surprise : il ne s’agit pas de la 1300, jugée finalement d’un entretien trop coûteux au kilomètre mais de la nouvelle Berlinette A110 1500 à moteur R16 tout alu 1470cc de 90cv SAE. »

« Convaincus par les remontées des gendarmes-pilotes qui apprécient la voiture, le Service du Matériel validera plusieurs commandes successives en fonction de l’évolution de puissance de la Berlinette. »

C’est ainsi que se succèderont une dizaine de 1600 (102cv SAE), puis une dizaine de 1600 S (138cv SAE). L’histoire était en marche…

« Chaque équipage était constitué d’un pilote-gendarme ayant suivi un stage de pilotage sur le Circuit Bugatti et d’un gradé, généralement Maréchal-des-Logis. Ils avaient l’obligation de demeurer casqués, même à l’arrêt, c’est pourquoi les sièges étaient plus inclinés qu’à la normale. Malgré cela et à cause de la faible garde au toit, les grands gabarits étaient naturellement exclus. »

« Les premières interceptions rapides sur autoroutes se passaient souvent vers la fin des années 1960. Peu de voitures tentaient l’épreuve de force avec les Berlinettes… »

17337

Les dix Alpine 1600 S qui furent livrées à la Gendarmerie Nationale étaient similaires aux Groupe 3 « compétition-client » avec des suspensions en réglage « terre » à l’avant (pour permettre le franchissement des trottoirs en cas de course-poursuite), une pignonnerie compétition type « grosse boîte » (boîte de vitesses 5 rapports) et des gros freins.

Parmi ces autos, seules trois d’entre elles furent équipées de spécifications spéciales avec un compteur mouchard, l’ancêtre des radars embarqués, pour permettre les premières interceptions de contrôle de vitesse par la Brigade Rapide d’Intervention. En plus de cela, ces trois autos étaient équipées d’un pont long, ceci afin de leur permettre d’atteindre et de tenir plus de 215 km/h pendant près de 5 minutes d’affilée sans fragiliser le moteur (couple long 9×32). 17337, qui illustre cette page, fait partie de ces trois 1600 S « spéciales ».

À la fin de leur carrière militaire, les dix 1600 S de la Gendarmerie Nationale, sans exception, furent cédées via les ventes du Domaine, aucune n’ayant péri dans l’exercice de ses fonctions.

Son immatriculation militaire était « 6110996 ». Elle fut affectée au peloton de Beaune. Acquise via les ventes du Domaine en 1989 par le second propriétaire, personnel de Renault Sport, elle fut à cette occasion entièrement restaurée par des spécialistes de la marque Alpine.

Après un important travail de carrosserie (décoquée, mise à nu complète), la caisse fut repeinte en Bleu Alpine. En effet, il était demandé par le Domaine de ne pas conserver le bleu de la Gendarmerie ainsi que les inscriptions « Gendarmerie » qui étaient présentes de part et d’autre du véhicule).

En plus de ces éléments, toutes les petites pièces d’usure commune furent changées, le moteur refait à neuf tout comme la boîte de vitesses ainsi que les liaisons au sol. Le tout ayant été effectué avec un grand souci de conformité vis-à-vis de sa condition d’époque.

Elle fut acquise en Janvier 2011 par le troisième et dernier propriétaire en date. Grand amateur de la marque Française, possesseur d’une superbe collection d’Alpine (dont les 4 exemplaires sont en ce moment-même proposés à la vente dans notre galerie), ce dernier a apporté beaucoup de soins à 17337 depuis son acquisition.

Une identification complète de l’auto a révélé que tous ses numéros étaient concordants (châssis, moteur, carrosserie) : « matching numbers ». Joint dans le dossier historique, un extrait du cahier de suivi commercial manuscrit de Jacques Cheinisse (rarissime document) permet de constater que les numéros de châssis 17335, 17336 et 17337 furent bien livrés à la Gendarmerie Nationale.

Depuis la restauration dont elle a bénéficié au début des années 90, l’auto n’a parcouru que 15 000 km.

La particularité de ce compteur (tachygraphe Kienzle) réside dans le fait qu’il est emprunté à un camion car le statut militaire des gendarmes les obligeait à avoir un compteur basculant équipé d’un lecteur disque tachymètre. Le compteur de camion était modifié au niveau des chiffres avec un maxi toujours fixé à 240 km/h, mais la vitesse du câble est démultipliée par deux. Quand une 1600 S de la BRI sortait un disque à 90 km/h, cela voulait donc dire qu’elle roulait à 180 km/h. Ce dispositif ne fut pas généralisé sur les autres véhicules de la BRI.

Le totalisateur affiche aujourd’hui 102 402 km (x2), soit 204 804 km.

Seules deux des trois « spéciales » sont encore en circulation aujourd’hui, dont 17337. Cette dernière serait la seule à avoir conservé le compteur mouchard avec son tableau de bord spécifique.

Condition générale

En plus d’avoir un historique extrêmement riche, cette superbe Berlinette dispose également d’une superbe condition générale, ayant été sollicitée avec parcimonie depuis sa restauration effectuée au début des années 90.

Repeinte entièrement à la suite de son acquisition par le second propriétaire, 17337 présente toujours la superbe robe Bleu Alpine qu’elle a reçue lors de sa seconde naissance. Sans être parfaite, le temps ayant fait son œuvre, la teinte de la carrosserie présente une excellente homogénéité dans son ensemble. Très peu de défauts sont donc à relever, hormis ceux qui ont été engendrés par l’utilisation de la voiture (légers impacts de gravillons sur la face avant et sur les passages de roue à l’arrière.

Lorsque cette 1600 S a été acquise auprès via le Domaine, non seulement il a été demandé au nouveau propriétaire de ne pas conserver la livrée complète de la Gendarmerie mais en plus de cela, tous les équipements militaires avaient été retirés (radio-téléphone, antenne, gyrophare) au préalable.

Malgré la restauration, certains éléments de son passé militaire demeurent légèrement visibles (la réfection du pavillon lors de la restauration a par exemple laissé transparaître le trou de l’antenne fouet ainsi que l’insertion d’un grillage métallique « effet cage de Faraday » dans la caisse en polyester).

Les alignements sont très bons, au niveau de tous les ouvrants, tout comme le sont les chromes. À noter la présence d’un rétroviseur obus Vitoni d’époque qui a substitué les deux petits noirs qui étaient placés sur les ailes durant ses années de service. Ces derniers étaient manquants lors de l’acquisition de l’auto auprès du Domaine.

Cette Berlinette comporte également d’autres spécificités de son passé militaire : les deux antibrouillards Cibié placés sur le pare-chocs avant ainsi que les jantes Gotti bimétal 13 pouces (qui sont ici chaussées de pneus Michelin XAS).

Dans l’habitacle, le conducteur et son éventuel passager sont accueillis dans des sièges baquets enveloppants simili cuir/velours de couleur noire inclinés vers l’arrière permettant à de grands gabarits de se sentir plus à leur aise. Ils sont assortis de harnais Ektor.

L’état de présentation des éléments de l’habitacle est excellent, tant au niveau des sièges, de la planche de bord (souvent craquelée sur bon nombre de ces autos), de l’instrumentation, du ciel de toit ou encore des garnitures matelassées qui recouvre le compartiment moteur. À noter que le volant est désormais un Momo Prototipo.

Comme à l’extérieur, nous retrouvons aussi dans l’habitacle de cette Berlinette quelques éléments qui sont spécifiques à cette auto et à son passé militaire au sein de la Gendarmerie. Parmi ceux-ci : le compteur mouchard avec emplacement décalé des manomètres, les pare-soleils bleus en polycarbonate et le bel arceau 4 points chromé.

Suivie depuis Janvier 2011 par le spécialiste Maurice Lachize (Cours-la-Ville), le dossier complet de tous les travaux qui ont été faits sont joints dans le dossier historique.

Hormis ses quelques spécificités liées à son passé au sein de la Gendarmerie, cette superbe Berlinette est en tout point conforme à une 1600 S type VB d’origine, moteur 1565cc, trompettes (type 807-24).

Contenu du dossier historique

Carte grise française normale
Photos d’époque de la Gendarmerie Nationale
Extrait du cahier de suivi commercial manuscrit de Jacques Cheinisse avec numéros de châssis
Articles de presse
Ensemble des factures depuis 2011
Ensemble des CT depuis 2011 (un nouveau sera effectué lors de la vente du véhicule)

Un véhicule d’exception

Une superbe pièce de collection, voilà une belle manière de résumer ce qu’est cette Alpine 1600 S tout à fait exceptionnelle ! Présentée publiquement à la vente pour la deuxième fois seulement depuis 1971, elle est une belle occasion d’acquérir une automobile véritablement historique de la marque tricolore.

Témoin d’une époque révolue, 17337 raconte une histoire à laquelle aucune autre Berlinette ne peut prétendre. Une histoire qui mêle à la fois les débuts mémorables de la BRI et à travers eux le développement de la France des 30 Glorieuses. Sa superbe condition générale et son historique limpide ne font qu’ajouter à son prestige.

Acheter une automobile, c’est aussi acheter son histoire. Celle de 17337 mérite les honneurs. Il n’appartient qu’à vous d’en apprécier la teneur…

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